Tombé dans un précipice, Nogar a survécu à sa chute et échappé, dans le même temps, au massacre de sa compagnie.
Toutefois, blessé et sans espoir de secours, l’apothiguerre se retrouve seul, sans eau ni nourriture, dans les montagnes en plein hiver.
À cela s’ajoute, le fardeau du déshonneur d’avoir échoué à protéger son jeune ami, Bramor, alors qu’il s’était engagé à le ramener à la cité-mine du Rakdur, sain et sauf auprès de son père.
Allongé dans la neige, Nogar est un rescapé, mais peut-être la mort eût-elle été préférable à la vie ?
L’ours des montagnes est le cinquième livre de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur qui relate les aventures et les exploits de ses habitants. Le récit est accompagné de plus de quatre-vingts images en couleurs.
Caractéristiques
Date de parution : le 18/09/2022
ISBN (version brochée) : 979-8843999520
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 161 pages, dont 30 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 23 € TTC Broché France
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Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :
Chapitre 1 – Rires sur un champ de bataille
Le calme régnait dans les montagnes à proximité de la cité-mine du Rakdur. Difficile d’imaginer que quelques instants plus tôt, deux peuples, qui se portaient une haine ancestrale et farouche, s’étaient affrontés.
Le chaman Mainsrouges contemplait d’un œil satisfait le champ de bataille. Dans sa tunique en durofeu, il ne ressentait pas les morsures du froid et grâce à sa magie, il ne souffrait pas non plus de la forte luminosité qui se réverbérait sur la neige. En revanche, ses gobelins ne pouvaient en dire autant et avaient hâte de rejoindre l’obscurité de leurs galeries.
De leurs plaintes, le chaman n’en avait cure, car il savourait sa victoire. Il avait habilement manœuvré et son plan avait été couronné de succès, même si le prix à payer s’était avéré élevé. En effet, sa tribu avait perdu de nombreux membres et elle devrait encore s’améliorer, si le chef des gobelins voulait un jour réussir à s’emparer du Rakdur.
Cela faisait des années que les siens ne s’étaient pas aventurés aussi loin en territoire nain. Lorsque les autres clans apprendraient la nouvelle, ils se rallieraient sans aucun doute à lui, et ensemble, ils pourraient mener un assaut bien plus important. Or, Mainsrouges convoitait depuis longtemps les trésors de la cité-mine. La prise du Rakdur serait interprétée par ses congénères comme un haut fait et lui assurerait une renommée telle qu’il pourrait devenir roi.
Le chaman avait conscience que pour atteindre son objectif, il devrait aussi se débarrasser de quelques chefs tribaux rivaux, y compris parmi ses alliés. Cela ne le dérangeait nullement. Bien au contraire, il éprouvait un malin plaisir à tuer et surtout à regarder mourir ses victimes. Ah, quel bonheur de les étrangler et de sentir leur cou s’agiter entre ses mains, jusqu’à ce que leur dernier souffle de vie quitte leur corps dans une ultime trémulation !
Le gobelin mima le geste dans le vide et en profita pour admirer ses gants, dont le cuir épousait parfaitement ses longs doigts. Le chaman aimait leur teinte rouge sang et appréciait particulièrement la force prodigieuse que ceux-ci lui conféraient lorsqu’il les portait. Ses gants lui avaient permis de terrasser tous ses rivaux et d’asseoir son autorité sur son clan.
Cependant, avant de pouvoir devenir roi, Mainsrouges songea qu’il lui restait tant à faire. Alors, tandis que les siens finissaient de s’occuper des cadavres ennemis, il décida de passer en revue les atouts et les faiblesses de son armée.
Le géant Gorjshork n’arrivait plus à se tenir debout et ne voulait plus entendre parler de nains. Néanmoins, le gobelin était convaincu qu’il le ferait changer d’avis. En effet, le mastodonte avait besoin de soins, soins qu’il pouvait lui procurer. Obtenir sa soumission lui coûterait assurément une fortune en potions de guérison. Cependant, ce n’était pas un problème, car il avait un rouleau de durofeu prêt à être vendu dans sa salle aux trésors.
L’extraction de cette pierre friable et sa transformation en tissu avaient nécessité plusieurs années et le sacrifice de nombreux esclaves morts à la tâche. Toutefois, là encore, cela en valait la peine. En effet, ce tissu possédait des propriétés isolantes extraordinaires et inégalées.
Le chaman lissa sa tunique confectionnée dans ce précieux matériau. C’est grâce à elle qu’il pouvait supporter le froid ambiant. Mainsrouges songea à nouveau au géant. Disposer d’une telle créature dans une armée offrait un avantage indéniable. Sur un champ de bataille, l’adversaire n’avait d’yeux que pour elle et ne voyait pas le danger venir sur les côtés. Enfin, ce n’est pas tout à fait ce qui s’était passé aujourd’hui, mais une fois n’est pas coutume.
Par contre, son allié troll l’avait profondément déçu. Tel du petit-bois, les haches naines l’avaient débité et réduit en charpie. Comme Mainsrouges pouvait les haïr ces pourritures de nabots. Le chaman ne savait pas si le pouvoir de régénération de son sbire lui permettrait de revenir à la vie. Bah qu’à cela ne tienne ! Il n’aurait pas à lui payer sa prime, mais dans le cas contraire, il disposerait à nouveau d’un troll dans son armée.
Réflexion faite, quel qu’en soit le résultat, Mainsrouges arriva à la conclusion qu’il gagnait à tous les coups. Simplement, la prochaine fois, il essaierait d’en incorporer plus, selon le vieil adage de son peuple : « plus on est nombreux et plus on tue ».
Finalement, ses folgobs s’étaient avérés son meilleur atout. Même si ces forcenés pouvaient se retourner à tout moment contre lui, leur efficacité au combat compensait amplement le temps passé à réunir les ingrédients nécessaires à la réalisation du fameux breuvage. En effet, une fois la potion ingurgitée, les gobelins sélectionnés devenaient des fous furieux, insensibles à la lumière, aux émotions et aux blessures.
Voir ses créatures se jeter sur l’ennemi terrorisé était tellement jouissif, qu’en y repensant, le chaman sourit de délectation et ses lèvres ouvertes dévoilèrent des dents éparses et pointues. Néanmoins, Mainsrouges regrettait la courte durée d’efficacité du breuvage et surtout que celui-ci entraîne systématiquement la mort des consommateurs. Cela serait tellement pratique si ses folgobs pouvaient être réutilisables à volonté. De toute évidence, la recette méritait quelques améliorations et il se promit de s’y consacrer dès qu’il en aurait le temps.
Le chaman regarda la hache déposée à ses pieds dans la neige. Il avait demandé à ses gobelins de la lui apporter. Elle pesait son poids. Peu de personnes auraient été en mesure de la manipuler avec aisance. Pourtant, le nain chauve y était arrivé. Comment avait-il fait ? En tout cas, c’était une véritable pourriture ! Il avait défié et terrassé Gorjshork le géant en combat singulier ! Mainsrouges ne l’aurait jamais cru s’il ne l’avait pas vu de la prunelle jaune de ses yeux.
Heureusement que le nabot s’était effondré après son exploit, sinon celui-ci aurait pu déjouer ses plans. En effet, Mainsrouges savait qu’un nain, juste un, pouvait tout gâcher. Idem pour les femelles, réputées pourtant plus faibles que les mâles, une seule pouvait contrecarrer le meilleur des stratagèmes. Il en avait fait l’amère expérience dans le passé.
Toujours est-il que ses gobelins avaient affublé cette pourriture de nabot du surnom de « Tombeur de géant ». Une fois de retour dans ses quartiers, le chaman se promit d’étudier ce prodige, afin de découvrir l’origine de sa force. S’il pouvait en percer le secret et transférer ce pouvoir à ses folgobs, comme il pourrait en réaliser de grandes choses !
Mainsrouges passa sa langue sur ses lèvres avec délectation. Dans l’immédiat, rêver à toutes les tortures qu’il pourrait infliger à ce nain le faisait saliver de plaisir. C’était une juste revanche, car quelques jours plus tôt, les compagnons de ce nabot l’avaient capturé. Le chaman se souvenait très bien que ce chien avait proposé de lui couper les mains ou de lui écraser la tête. Maintenant que les rôles étaient inversés, le gobelin savait déjà qui rirait le dernier dans cette histoire. Il se frotta d’avance les griffes les unes contre les autres tout en affichant un rictus lubrique.
Mainsrouges regarda à nouveau la hache posée devant lui et ne put que constater la différence entre l’équipement de ses troupes et celui des nains. Il se dit qu’elle devait coûter cher et qu’il avait vraiment besoin de beaucoup d’or pour mener à bien ses projets. Cependant, l’arrivée d’un ventripotent gobelin l’interrompit dans ses réflexions.
— Mainsrouges, c’est fait ! Tous ces chiens ont été démembrés et décapités comme tu l’as demandé. Que faisons-nous maintenant des survivants ?
Qui osait le déranger ? Le chaman tourna lentement la tête vers son interlocuteur et reconnut Pansemol, l’un de ses meilleurs sous-fifres. Il l’avait vu faire mordre la poussière à la nabote, le privant dans le même temps du plaisir de la torturer.
— Nous avons besoin de nouveaux esclaves pour les mines. Ligotez-les, répondit Mainsrouges en agitant négligemment la main pour le chasser.
— Y compris le « Tombeur de géant » ? Achevons-le tant qu’il dort encore.
— Non ! Attache-le aussi.
— Et s’il se réveille ? répliqua Pansemol. Les nôtres en ont peur. Débarrassons-nous de lui maintenant. Qui sait de quoi il sera capable quand il aura repris connaissance ? Je pense que…
— Qui te demande de penser ? l’interrompit Mainsrouges.
Pansemol se raidit face à la remarque, mais reprit vite une attitude de soumission. Heureusement pour toi, songea le chaman. Il fouilla alors dans sa tunique et lui lança une gourde. Incommodé par la luminosité ambiante, Pansemol réussit néanmoins à l’attraper.
— Veille bien à lui en faire boire ! ordonna le chef des gobelins. Il dormira jusqu’à notre retour. Et surtout, fais attention à ce qu’il ne meure pas en chemin.
Le chaman passa à nouveau sa langue sur ses lèvres avant de reprendre :
— En tout cas, pas avant que je ne découvre d’où lui vient sa force. Je suis sûr qu’elle n’est pas naturelle. Personne ne peut vaincre à lui tout seul un géant. Il y a de la magie là-dessous.
— La magie, c’est la force des faibles ! Je la déteste ! lâcha le soldat en crachant sur la neige.
— Ferme ton groin où je te lance un sort qui t’arrachera la langue ! répliqua Mainsrouges.
Les yeux de Pansemol étincelèrent de rage. Néanmoins, il se reprit et s’inclina devant son supérieur hiérarchique.
— Tu sais ce que tu as à faire, poursuivit le chaman. Va !
Mainsrouges songea qu’à l’avenir il devrait surveiller ce sous-fifre. L’éclat qu’il avait vu dans son regard ne lui disait rien qui vaille. Pansemol convoitait-il sa place à la tête de la tribu ? Cependant, malgré son ordre, le chef des gobelins fut surpris de ne pas le voir déguerpir. Alors, il lui demanda sur un ton excédé :
— Que veux-tu encore ?
— L’arme du « Tombeur de géant »…
— Quoi son arme ? répéta Mainsrouges.
— Je la veux.
— Non ! En tant que chef de clan, elle me revient de droit.
— À quoi pourrait-elle bien vous servir ? Vous n’êtes même pas un guerrier, lui fit remarquer Pansemol.
— Mesure tes paroles ! De toute façon, elle est trop lourde pour toi.
— Si le nabot l’a utilisée, je peux en faire autant, répliqua le ventripotent gobelin.
— Alors, vas-y, proposa Mainsrouges. Essaie donc pour voir.
Pansemol saisit la hache d’une seule main, afin de lui prouver qu’il se trompait.
— Très bien, poursuivit le chaman. Maintenant, lève-la au-dessus de toi.
Rapidement, le gobelin remarqua que quelque chose n’allait pas. Pourquoi cette hache était-elle si lourde ? se demanda-t-il. Toutefois, en s’aidant de sa deuxième main, il réussit à brandir l’arme au-dessus de sa tête.
— C’est bien, tu peux la soulever, constata Mainsrouges, mais peux-tu te battre avec ?
— Naturellement ! affirma Pansemol en gonflant la poitrine.
— Alors, frappe-moi !
Pansemol semblait réfléchir. Le chaman en profita pour faire disparaître ses mains dans les pans de sa tunique, avant d’ordonner sur un ton sarcastique :
— Vas-y, attaque-moi ! Montre-moi comme tu es fort.
Des gobelins se massèrent autour d’eux. Pansemol hésita encore un instant, mais jugea l’occasion trop belle pour ne pas en tirer profit. Mainsrouges avait donné son ordre devant tout le monde. En tant que subalterne, il devait obéir ; si dans l’action, il réussissait à éliminer le chaman, personne ne pourrait le lui reprocher et de facto, il deviendrait à son tour le chef de la tribu.
Le ventripotent gobelin sourit et brandit l’arme du nain au-dessus de sa tête, mais Mainsrouges le prit de court. Il sortit une dague de sa tunique, bondit et visa l’abdomen proéminent de son congénère. Pansemol échappa à la mort grâce à ses réflexes de guerrier : il recula à temps pour éviter le coup, mais déstabilisé par le poids de la hache, tomba à la renverse. Sa chute provoqua l’hilarité parmi ceux qui avaient assisté à la scène. Satisfait de sa démonstration, le chaman fit disparaître sa dague dans un pan de son vêtement et railla son sbire :
— Idiot ! Tu aurais dû m’écouter quand je te disais qu’elle était trop lourde pour toi. C’est une arme magnifique et je suis convaincu qu’elle vaut son pesant d’or. J’ai donc prévu de la vendre.
Pendant que Pansemol, penaud, se relevait, Mainsrouges ramassa la hache. Il la brandit d’une seule main, donna quelques coups dans le vide avec, puis termina sa démonstration en la pointant vers son congénère. Il lui dit alors sur un ton menaçant :
— Que cela te serve de leçon. Hors de ma vue !
Ensuite, il laissa choir l’arme à ses pieds et regarda le gobelin s’éloigner sous les rires des témoins de la scène. Alors qu’il retirait ses gants magiques, Mainsrouges espéra que son sous-fifre n’oublierait plus quelle était sa place au sein du clan, car la prochaine fois, il ne se montrerait pas aussi clément avec lui.
De son côté, Pansemol n’appréciait pas son chef et cette humiliation attisa le ressentiment qu’il nourrissait à son égard. Bien que chétif, le chaman était doté d’une force prodigieuse. Le gobelin en avait encore eu la preuve, quand il l’avait vu brandir d’une seule main la hache du nain chauve. Ce n’était pas normal. C’était une insulte, pour lui qui était un véritable guerrier. Pansemol ne rêvait que de prendre sa place à la tête de la tribu. Pour l’instant, c’était prématuré, mais il saurait se montrer patient.
En attendant, il reconnut qu’il avait passé une excellente journée. Il avait affronté et tué du nabot. Comme il avait savouré le moment où il avait embroché la femelle. Il revoyait ses yeux. Ah, ces yeux… Il ne les oublierait pas de sitôt. Avec le casque facial que portait la naine, son visage n’était pas visible, mais il avait lu dans son regard, l’instant de surprise, quand sa lance avait pénétré ses chairs. Puis, l’odeur… à cet instant, il avait senti la peur sourdre par tous les pores de la peau de cette chienne. Il ne se lasserait jamais de ces bons moments. Et que les dieux verts lui en accordent de nombreux autres comme celui-ci !
Pansemol arbora son plus beau sourire, ce qui se traduisit par une grimace. Finalement, il patienterait le temps nécessaire, car il savait qu’il finirait par devenir le chef tôt ou tard. En attendant, il devait s’occuper des prisonniers. Cette tâche lui procurerait assurément quelques menus plaisirs. Il retourna auprès de ses soldats.
— Attachez-moi ces chiens ! cria-t-il.
Aussitôt, des gobelins s’empressèrent d’obéir et ligotèrent, sans ménagement, Bramor et Durnain. Par contre, quand le tour de Donarg arriva, il en alla autrement. Un attroupement s’était formé autour du corps allongé dans la neige, mais personne n’osait s’approcher de lui. Pansemol lut la peur dans les yeux de ses congénères.
— Poussez-vous de là bande de minables. Moi, Pansemol, je ne suis pas effrayé par ce « Tombeur de géant » et je vais vous le montrer.
Il avança jusqu’à Donarg et lui donna un coup de lance dans le flanc, auquel celui-ci réagit en émettant un faible râle. Les gobelins reculèrent aussitôt en lâchant des petits cris plaintifs. Puis, devant l’absence de réaction du nain, ils se rapprochèrent à nouveau. Pansemol posa un genou au sol et déboucha la gourde, remise quelques instants plus tôt par le chaman. Il enfonça le goulot entre les lèvres du vétéran. Donarg fut pris d’une quinte de toux lorsque le breuvage se répandit dans sa gorge. Le gobelin se promit de renouveler l’opération régulièrement, tant que ce démon ne serait pas enchaîné dans l’une de leurs cellules.
— Vous allez me ficeler ce nabot ou je dois tout faire ici ! cria Pansemol en se relevant.
Finalement, les monstres s’approchèrent prudemment et s’exécutèrent.
— Voilà, c’est mieux ainsi, poursuivit-il en accrochant la gourde à sa ceinture. Vous me fixerez ensuite ses poignets et ses chevilles à une lance pour le transporter. Le temps est venu de rentrer chez nous fêter notre victoire.
Les gobelins se mirent à hurler de joie.
— Et vous savez quoi ? reprit Pansemol, je jure qu’à partir de ce soir, plus aucun d’entre vous ne détestera les nabots. Bien au contraire, je vous promets qu’à partir de ce soir, vous allez les aimer, je dirais même plus, les adorer.
Les gobelins, qui plus tôt l’acclamaient, râlèrent et le conspuèrent. Pansemol réussit néanmoins à les faire taire.
— Et voulez-vous savoir pourquoi vous allez les adorer ? Parce que nous allons manger du naboooooooot ! Alors, hâtez-vous, car j’ai grand-faim, ricana Pansemol.
Son rire se communiqua rapidement à ses congénères qui hurlèrent de joie avec encore plus de vigueur qu’auparavant.
Bramor et Durnain avaient assisté à toute la scène. C’est avec une profonde tristesse qu’ils regardaient leur ami Donarg être ficelé comme un gibier. Leurs propres poignets, liés dans leur dos, leur faisaient mal, mais ce n’était rien par rapport à ce qu’ils ressentaient dans leur cœur. Il y avait ce sentiment de honte et de déshonneur engendré par la défaite ; et puis, voir se pavaner les assassins de leurs frères d’armes sans pouvoir les venger était au-delà du supportable.
— As-tu compris ce qu’a dit le gros gobelin ? demanda Bramor à Durnain, car il ne connaissait pas leur langage.
Les créatures ne laissèrent pas le temps à son compagnon de répondre. Les deux prisonniers furent violemment poussés en avant.
— Avancez ! Moi, avoir faim ! cria l’un des monstres dans un nain approximatif. Avancez ! Et pas parler !
Malgré la brutalité de son bourreau, Durnain fut soulagé, car celui-ci lui permit d’éviter de traduire les propos entendus.
C’est sur ces derniers mots que les survivants de la compagnie des nains quittèrent le champ de bataille. Néanmoins, même après plusieurs heures de marche silencieuse, les paroles et les ricanements du gobelin gras résonnaient encore dans la tête de Durnain. Ils resteraient gravés à jamais dans sa mémoire.