Illustration : les compagnons

Les compagnons Nogar, Donarg et Bramor
Une image représentant les 3 compagnons – Donarg Mâchefer, Nogar Mainsecourable (une bière à la main), Bramor Taillefer (de dos) – tirée de mon livre “L’ours des montagnes”.

J’en profite pour aborder l’origine du mot compagnon qui signifie “partager le pain”, comme le mot copain d’ailleurs, puisque ces 2 mots dérivent du mot compagnon en ancien français qui s’écrivait : cumpainz et cumpagnun (attention, leur orthographe varie beaucoup selon les régions et les époques).

Le dictionnaire académique nous rappelle que ces deux mots viennent de l’association des mots latins cum, “avec” et de panis, “pain”, soit littéralement “avec le pain”. Toutefois, compagnon se dit en latin comes, et une autre hypothèse, selon moi, pourrait être “compagnon du pain”.

Ces deux orthographes cumpainz et cumpagnun pour un seul mot sont héritées des déclinaisons latines : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif et ablatif. L’ancien français n’a conservé que le nominatif et l’accusatif. Ainsi en français moderne, le nominatif (cas sujet) de compagnon cumpainz deviendra “copain” et l’accusatif (cas complément) cumpagnun restera “compagnon”.

La notion du partage du pain date du Moyen Âge. A l’époque, le repas était vraiment très convivial. En effet, les convives à table mangeaient avec les mains (mais pas n’importe comment, avec les 3 premiers doigts seulement) et partageaient leur gobelet, leur cuillère (mais pas le couteau) et le tranchoir.

Les tranchoirs étaient des tranches de pain sur lesquelles, les viandes (à découper ou déjà découpées) et certains mets en sauce étaient déposés pour absorber les liquides. C’est en quelque sorte l’ancienne du sandwich.

Cependant, les tranchoirs n’étaient pas des assiettes, comme on l’entend souvent, car ils  n’étaient pas posés à même la nappe, mais sur des tailloirs : des plateaux ou assiettes en bois ou en métal, parfois en argent ou or, pouvant être sertis de pierres précieuses.

Toutefois, les mots tranchoirs et tailloirs pouvaient être utilisés indifféremment pour désigner la planche à découper, ainsi que les tranches de pain posées dessus pour absorber le jus. D’ailleurs, d’après mes recherches, les textes en ancien français parlent de plusieurs tranches de pain déposées sur la planche et pas d’une seule :

« il doit prendre ung trenchoir d’argent, et mectre dessuz quatre trenchoirs de pain ».

(source : Mémoires d’Olivier de La Marche (1426?-1502): maître d’hôtel et capitaine des gardes de Charles le Téméraire. Tome 4 Librairie Renouard (Paris, édition 1888) – page 46.)

Ainsi, c’est le partage entre convives du tranchoir de pain durant le repas qui est à l’origine du mot compagnon, et donc de copain. A la fin du repas, les restes de tranchoirs étaient offerts aux pauvres.

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