Roman : l’ours des montagnes

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5Tombé dans un précipice, Nogar a survécu à sa chute et échappé, dans le même temps, au massacre de sa compagnie.

Toutefois, blessé et sans espoir de secours, l’apothiguerre se retrouve seul, sans eau ni nourriture, dans les montagnes en plein hiver.

À cela s’ajoute, le fardeau du déshonneur d’avoir échoué à protéger son jeune ami, Bramor, alors qu’il s’était engagé à le ramener à la cité-mine du Rakdur, sain et sauf auprès de son père.

Allongé dans la neige, Nogar est un rescapé, mais peut-être la mort eût-elle été préférable à la vie ?

 

L’ours des montagnes est le cinquième livre de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur qui relate les aventures et les exploits de ses habitants. Le récit est accompagné de plus de quatre-vingts images en couleurs.

Caractéristiques

Date de parution : le 18/09/2022
ISBN (version brochée) : 979-8843999520
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 161 pages, dont 30 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 23 € TTC Broché France

Vous pouvez commander ce livre en exclusivité sur *

logo amazon* Liens partenaires. En tant que Partenaire d’Amazon, je suis rémunéré pour les achats éligibles.

Cliquez sur l’une des images suivantes pour découvrir les autres tomes présentés du plus récent au plus ancien :

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5
livre4 prisonniers des gobelins
Le droit à l'oubli
Jaquette Le poids du passé" César Séjourné
Jaquette "La compagnie des nains" César Séjourné

Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :

Chapitre 1 – Rires sur un champ de bataille

Le calme régnait dans les montagnes à proximité de la cité-mine du Rakdur. Difficile d’imaginer que quelques instants plus tôt, deux peuples, qui se portaient une haine ancestrale et farouche, s’étaient affrontés.

Image des montagnes du Rakdur (tome 5)Le chaman Mainsrouges contemplait d’un œil satisfait le champ de bataille. Dans sa tunique en durofeu, il ne ressentait pas les morsures du froid et grâce à sa magie, il ne souffrait pas non plus de la forte luminosité qui se réverbérait sur la neige. En revanche, ses gobelins ne pouvaient en dire autant et avaient hâte de rejoindre l’obscurité de leurs galeries.

De leurs plaintes, le chaman n’en avait cure, car il savourait sa victoire. Il avait habilement manœuvré et son plan avait été couronné de succès, même si le prix à payer s’était avéré élevé. En effet, sa tribu avait perdu de nombreux membres et elle devrait encore s’améliorer, si le chef des gobelins voulait un jour réussir à s’emparer du Rakdur.

Cela faisait des années que les siens ne s’étaient pas aventurés aussi loin en territoire nain. Lorsque les autres clans apprendraient la nouvelle, ils se rallieraient sans aucun doute à lui, et ensemble, ils pourraient mener un assaut bien plus important. Or, Mainsrouges convoitait depuis longtemps les trésors de la cité-mine. La prise du Rakdur serait interprétée par ses congénères comme un haut fait et lui assurerait une renommée telle qu’il pourrait devenir roi.

Le chaman avait conscience que pour atteindre son objectif, il devrait aussi se débarrasser de quelques chefs tribaux rivaux, y compris parmi ses alliés. Cela ne le dérangeait nullement. Bien au contraire, il éprouvait un malin plaisir à tuer et surtout à regarder mourir ses victimes. Ah, quel bonheur de les étrangler et de sentir leur cou s’agiter entre ses mains, jusqu’à ce que leur dernier souffle de vie quitte leur corps dans une ultime trémulation !

Le gobelin mima le geste dans le vide et en profita pour admirer ses gants, dont le cuir épousait parfaitement ses longs doigts. Le chaman aimait leur teinte rouge sang et appréciait particulièrement la force prodigieuse que ceux-ci lui conféraient lorsqu’il les portait. Ses gants lui avaient permis de terrasser tous ses rivaux et d’asseoir son autorité sur son clan.

Cependant, avant de pouvoir devenir roi, Mainsrouges songea qu’il lui restait tant à faire. Alors, tandis que les siens finissaient de s’occuper des cadavres ennemis, il décida de passer en revue les atouts et les faiblesses de son armée.

Le géant Gorjshork n’arrivait plus à se tenir debout et ne voulait plus entendre parler de nains. Néanmoins, le gobelin était convaincu qu’il le ferait changer d’avis. En effet, le mastodonte avait besoin de soins, soins qu’il pouvait lui procurer. Obtenir sa soumission lui coûterait assurément une fortune en potions de guérison. Cependant, ce n’était pas un problème, car il avait un rouleau de durofeu prêt à être vendu dans sa salle aux trésors.
L’extraction de cette pierre friable et sa transformation en tissu avaient nécessité plusieurs années et le sacrifice de nombreux esclaves morts à la tâche. Toutefois, là encore, cela en valait la peine. En effet, ce tissu possédait des propriétés isolantes extraordinaires et inégalées.

Le chaman lissa sa tunique confectionnée dans ce précieux matériau. C’est grâce à elle qu’il pouvait supporter le froid ambiant. Mainsrouges songea à nouveau au géant. Disposer d’une telle créature dans une armée offrait un avantage indéniable. Sur un champ de bataille, l’adversaire n’avait d’yeux que pour elle et ne voyait pas le danger venir sur les côtés. Enfin, ce n’est pas tout à fait ce qui s’était passé aujourd’hui, mais une fois n’est pas coutume.

Par contre, son allié troll l’avait profondément déçu. Tel du petit-bois, les haches naines l’avaient débité et réduit en charpie. Comme Mainsrouges pouvait les haïr ces pourritures de nabots. Le chaman ne savait pas si le pouvoir de régénération de son sbire lui permettrait de revenir à la vie. Bah qu’à cela ne tienne ! Il n’aurait pas à lui payer sa prime, mais dans le cas contraire, il disposerait à nouveau d’un troll dans son armée.
Réflexion faite, quel qu’en soit le résultat, Mainsrouges arriva à la conclusion qu’il gagnait à tous les coups. Simplement, la prochaine fois, il essaierait d’en incorporer plus, selon le vieil adage de son peuple : « plus on est nombreux et plus on tue ».

Finalement, ses folgobs s’étaient avérés son meilleur atout. Même si ces forcenés pouvaient se retourner à tout moment contre lui, leur efficacité au combat compensait amplement le temps passé à réunir les ingrédients nécessaires à la réalisation du fameux breuvage. En effet, une fois la potion ingurgitée, les gobelins sélectionnés devenaient des fous furieux, insensibles à la lumière, aux émotions et aux blessures.
Voir ses créatures se jeter sur l’ennemi terrorisé était tellement jouissif, qu’en y repensant, le chaman sourit de délectation et ses lèvres ouvertes dévoilèrent des dents éparses et pointues. Néanmoins, Mainsrouges regrettait la courte durée d’efficacité du breuvage et surtout que celui-ci entraîne systématiquement la mort des consommateurs. Cela serait tellement pratique si ses folgobs pouvaient être réutilisables à volonté. De toute évidence, la recette méritait quelques améliorations et il se promit de s’y consacrer dès qu’il en aurait le temps.

Le chaman regarda la hache déposée à ses pieds dans la neige. Il avait demandé à ses gobelins de la lui apporter. Elle pesait son poids. Peu de personnes auraient été en mesure de la manipuler avec aisance. Pourtant, le nain chauve y était arrivé. Comment avait-il fait ? En tout cas, c’était une véritable pourriture ! Il avait défié et terrassé Gorjshork le géant en combat singulier ! Mainsrouges ne l’aurait jamais cru s’il ne l’avait pas vu de la prunelle jaune de ses yeux.

Heureusement que le nabot s’était effondré après son exploit, sinon celui-ci aurait pu déjouer ses plans. En effet, Mainsrouges savait qu’un nain, juste un, pouvait tout gâcher. Idem pour les femelles, réputées pourtant plus faibles que les mâles, une seule pouvait contrecarrer le meilleur des stratagèmes. Il en avait fait l’amère expérience dans le passé.

Toujours est-il que ses gobelins avaient affublé cette pourriture de nabot du surnom de « Tombeur de géant ». Une fois de retour dans ses quartiers, le chaman se promit d’étudier ce prodige, afin de découvrir l’origine de sa force. S’il pouvait en percer le secret et transférer ce pouvoir à ses folgobs, comme il pourrait en réaliser de grandes choses !

Mainsrouges passa sa langue sur ses lèvres avec délectation. Dans l’immédiat, rêver à toutes les tortures qu’il pourrait infliger à ce nain le faisait saliver de plaisir. C’était une juste revanche, car quelques jours plus tôt, les compagnons de ce nabot l’avaient capturé. Le chaman se souvenait très bien que ce chien avait proposé de lui couper les mains ou de lui écraser la tête. Maintenant que les rôles étaient inversés, le gobelin savait déjà qui rirait le dernier dans cette histoire. Il se frotta d’avance les griffes les unes contre les autres tout en affichant un rictus lubrique.

Mainsrouges regarda à nouveau la hache posée devant lui et ne put que constater la différence entre l’équipement de ses troupes et celui des nains. Il se dit qu’elle devait coûter cher et qu’il avait vraiment besoin de beaucoup d’or pour mener à bien ses projets. Cependant, l’arrivée d’un ventripotent gobelin l’interrompit dans ses réflexions.

— Mainsrouges, c’est fait ! Tous ces chiens ont été démembrés et décapités comme tu l’as demandé. Que faisons-nous maintenant des survivants ?
Qui osait le déranger ? Le chaman tourna lentement la tête vers son interlocuteur et reconnut Pansemol, l’un de ses meilleurs sous-fifres. Il l’avait vu faire mordre la poussière à la nabote, le privant dans le même temps du plaisir de la torturer.
— Nous avons besoin de nouveaux esclaves pour les mines. Ligotez-les, répondit Mainsrouges en agitant négligemment la main pour le chasser.
— Y compris le « Tombeur de géant » ? Achevons-le tant qu’il dort encore.
— Non ! Attache-le aussi.
— Et s’il se réveille ? répliqua Pansemol. Les nôtres en ont peur. Débarrassons-nous de lui maintenant. Qui sait de quoi il sera capable quand il aura repris connaissance ? Je pense que…
— Qui te demande de penser ? l’interrompit Mainsrouges.
Pansemol se raidit face à la remarque, mais reprit vite une attitude de soumission. Heureusement pour toi, songea le chaman. Il fouilla alors dans sa tunique et lui lança une gourde. Incommodé par la luminosité ambiante, Pansemol réussit néanmoins à l’attraper.
— Veille bien à lui en faire boire ! ordonna le chef des gobelins. Il dormira jusqu’à notre retour. Et surtout, fais attention à ce qu’il ne meure pas en chemin.
Le chaman passa à nouveau sa langue sur ses lèvres avant de reprendre :
— En tout cas, pas avant que je ne découvre d’où lui vient sa force. Je suis sûr qu’elle n’est pas naturelle. Personne ne peut vaincre à lui tout seul un géant. Il y a de la magie là-dessous.
— La magie, c’est la force des faibles ! Je la déteste ! lâcha le soldat en crachant sur la neige.
— Ferme ton groin où je te lance un sort qui t’arrachera la langue ! répliqua Mainsrouges.
Les yeux de Pansemol étincelèrent de rage. Néanmoins, il se reprit et s’inclina devant son supérieur hiérarchique.
— Tu sais ce que tu as à faire, poursuivit le chaman. Va !
Mainsrouges songea qu’à l’avenir il devrait surveiller ce sous-fifre. L’éclat qu’il avait vu dans son regard ne lui disait rien qui vaille. Pansemol convoitait-il sa place à la tête de la tribu ? Cependant, malgré son ordre, le chef des gobelins fut surpris de ne pas le voir déguerpir. Alors, il lui demanda sur un ton excédé :
— Que veux-tu encore ?
— L’arme du « Tombeur de géant »…
— Quoi son arme ? répéta Mainsrouges.
— Je la veux.
— Non ! En tant que chef de clan, elle me revient de droit.
— À quoi pourrait-elle bien vous servir ? Vous n’êtes même pas un guerrier, lui fit remarquer Pansemol.
— Mesure tes paroles ! De toute façon, elle est trop lourde pour toi.
— Si le nabot l’a utilisée, je peux en faire autant, répliqua le ventripotent gobelin.
— Alors, vas-y, proposa Mainsrouges. Essaie donc pour voir.
Pansemol saisit la hache d’une seule main, afin de lui prouver qu’il se trompait.
— Très bien, poursuivit le chaman. Maintenant, lève-la au-dessus de toi.
Rapidement, le gobelin remarqua que quelque chose n’allait pas. Pourquoi cette hache était-elle si lourde ? se demanda-t-il. Toutefois, en s’aidant de sa deuxième main, il réussit à brandir l’arme au-dessus de sa tête.
— C’est bien, tu peux la soulever, constata Mainsrouges, mais peux-tu te battre avec ?
— Naturellement ! affirma Pansemol en gonflant la poitrine.
— Alors, frappe-moi !
Pansemol semblait réfléchir. Le chaman en profita pour faire disparaître ses mains dans les pans de sa tunique, avant d’ordonner sur un ton sarcastique :
— Vas-y, attaque-moi ! Montre-moi comme tu es fort.
Des gobelins se massèrent autour d’eux. Pansemol hésita encore un instant, mais jugea l’occasion trop belle pour ne pas en tirer profit. Mainsrouges avait donné son ordre devant tout le monde. En tant que subalterne, il devait obéir ; si dans l’action, il réussissait à éliminer le chaman, personne ne pourrait le lui reprocher et de facto, il deviendrait à son tour le chef de la tribu.

Image de Pansemol (tome5)Le ventripotent gobelin sourit et brandit l’arme du nain au-dessus de sa tête, mais Mainsrouges le prit de court. Il sortit une dague de sa tunique, bondit et visa l’abdomen proéminent de son congénère. Pansemol échappa à la mort grâce à ses réflexes de guerrier : il recula à temps pour éviter le coup, mais déstabilisé par le poids de la hache, tomba à la renverse. Sa chute provoqua l’hilarité parmi ceux qui avaient assisté à la scène. Satisfait de sa démonstration, le chaman fit disparaître sa dague dans un pan de son vêtement et railla son sbire :
— Idiot ! Tu aurais dû m’écouter quand je te disais qu’elle était trop lourde pour toi. C’est une arme magnifique et je suis convaincu qu’elle vaut son pesant d’or. J’ai donc prévu de la vendre.
Pendant que Pansemol, penaud, se relevait, Mainsrouges ramassa la hache. Il la brandit d’une seule main, donna quelques coups dans le vide avec, puis termina sa démonstration en la pointant vers son congénère. Il lui dit alors sur un ton menaçant :
— Que cela te serve de leçon. Hors de ma vue !
Ensuite, il laissa choir l’arme à ses pieds et regarda le gobelin s’éloigner sous les rires des témoins de la scène. Alors qu’il retirait ses gants magiques, Mainsrouges espéra que son sous-fifre n’oublierait plus quelle était sa place au sein du clan, car la prochaine fois, il ne se montrerait pas aussi clément avec lui.

De son côté, Pansemol n’appréciait pas son chef et cette humiliation attisa le ressentiment qu’il nourrissait à son égard. Bien que chétif, le chaman était doté d’une force prodigieuse. Le gobelin en avait encore eu la preuve, quand il l’avait vu brandir d’une seule main la hache du nain chauve. Ce n’était pas normal. C’était une insulte, pour lui qui était un véritable guerrier. Pansemol ne rêvait que de prendre sa place à la tête de la tribu. Pour l’instant, c’était prématuré, mais il saurait se montrer patient.

En attendant, il reconnut qu’il avait passé une excellente journée. Il avait affronté et tué du nabot. Comme il avait savouré le moment où il avait embroché la femelle. Il revoyait ses yeux. Ah, ces yeux… Il ne les oublierait pas de sitôt. Avec le casque facial que portait la naine, son visage n’était pas visible, mais il avait lu dans son regard, l’instant de surprise, quand sa lance avait pénétré ses chairs. Puis, l’odeur… à cet instant, il avait senti la peur sourdre par tous les pores de la peau de cette chienne. Il ne se lasserait jamais de ces bons moments. Et que les dieux verts lui en accordent de nombreux autres comme celui-ci !

Pansemol arbora son plus beau sourire, ce qui se traduisit par une grimace. Finalement, il patienterait le temps nécessaire, car il savait qu’il finirait par devenir le chef tôt ou tard. En attendant, il devait s’occuper des prisonniers. Cette tâche lui procurerait assurément quelques menus plaisirs. Il retourna auprès de ses soldats.
— Attachez-moi ces chiens ! cria-t-il.
Aussitôt, des gobelins s’empressèrent d’obéir et ligotèrent, sans ménagement, Bramor et Durnain. Par contre, quand le tour de Donarg arriva, il en alla autrement. Un attroupement s’était formé autour du corps allongé dans la neige, mais personne n’osait s’approcher de lui. Pansemol lut la peur dans les yeux de ses congénères.
— Poussez-vous de là bande de minables. Moi, Pansemol, je ne suis pas effrayé par ce « Tombeur de géant » et je vais vous le montrer.
Il avança jusqu’à Donarg et lui donna un coup de lance dans le flanc, auquel celui-ci réagit en émettant un faible râle. Les gobelins reculèrent aussitôt en lâchant des petits cris plaintifs. Puis, devant l’absence de réaction du nain, ils se rapprochèrent à nouveau. Pansemol posa un genou au sol et déboucha la gourde, remise quelques instants plus tôt par le chaman. Il enfonça le goulot entre les lèvres du vétéran. Donarg fut pris d’une quinte de toux lorsque le breuvage se répandit dans sa gorge. Le gobelin se promit de renouveler l’opération régulièrement, tant que ce démon ne serait pas enchaîné dans l’une de leurs cellules.
— Vous allez me ficeler ce nabot ou je dois tout faire ici ! cria Pansemol en se relevant.
Finalement, les monstres s’approchèrent prudemment et s’exécutèrent.
— Voilà, c’est mieux ainsi, poursuivit-il en accrochant la gourde à sa ceinture. Vous me fixerez ensuite ses poignets et ses chevilles à une lance pour le transporter. Le temps est venu de rentrer chez nous fêter notre victoire.
Les gobelins se mirent à hurler de joie.
— Et vous savez quoi ? reprit Pansemol, je jure qu’à partir de ce soir, plus aucun d’entre vous ne détestera les nabots. Bien au contraire, je vous promets qu’à partir de ce soir, vous allez les aimer, je dirais même plus, les adorer.
Les gobelins, qui plus tôt l’acclamaient, râlèrent et le conspuèrent. Pansemol réussit néanmoins à les faire taire.
— Et voulez-vous savoir pourquoi vous allez les adorer ? Parce que nous allons manger du naboooooooot ! Alors, hâtez-vous, car j’ai grand-faim, ricana Pansemol.
Son rire se communiqua rapidement à ses congénères qui hurlèrent de joie avec encore plus de vigueur qu’auparavant.

Image de Durnain & Bramor enchainé (tome 5)Bramor et Durnain avaient assisté à toute la scène. C’est avec une profonde tristesse qu’ils regardaient leur ami Donarg être ficelé comme un gibier. Leurs propres poignets, liés dans leur dos, leur faisaient mal, mais ce n’était rien par rapport à ce qu’ils ressentaient dans leur cœur. Il y avait ce sentiment de honte et de déshonneur engendré par la défaite ; et puis, voir se pavaner les assassins de leurs frères d’armes sans pouvoir les venger était au-delà du supportable.

— As-tu compris ce qu’a dit le gros gobelin ? demanda Bramor à Durnain, car il ne connaissait pas leur langage.
Les créatures ne laissèrent pas le temps à son compagnon de répondre. Les deux prisonniers furent violemment poussés en avant.
— Avancez ! Moi, avoir faim ! cria l’un des monstres dans un nain approximatif. Avancez ! Et pas parler !
Malgré la brutalité de son bourreau, Durnain fut soulagé, car celui-ci lui permit d’éviter de traduire les propos entendus.

C’est sur ces derniers mots que les survivants de la compagnie des nains quittèrent le champ de bataille. Néanmoins, même après plusieurs heures de marche silencieuse, les paroles et les ricanements du gobelin gras résonnaient encore dans la tête de Durnain. Ils resteraient gravés à jamais dans sa mémoire.

Illustration Butin de guerreDurnain songeur

Roman : prisonniers des gobelins

livre4 prisonniers des gobelinsDonarg Mâchefer a repris connaissance, mais son esprit est brouillé.Le dernier évènement, dont il se souvient, est qu’il était dans les montagnes, au nord de la cité-mine du Rakdur, en train d’affronter un géant, à la suite d’une embuscade dans laquelle était tombée sa compagnie. Mais alors, que fait-il maintenant sous terre, allongé dans un liquide poisseux et nauséabond, au milieu des rats ? Où sont ses compagnons d’armes ? Pourquoi ses souvenirs, effacés lors de la Cérémonie de l’Oubli, hantent-ils à nouveau sa mémoire ? Et qu’arrive-t-il à ses tatouages ? Tant de questions sans réponses, mais le temps est compté pour le vétéran nain, car il s’est réveillé en territoire ennemi, un ancien ennemi de surcroît…

Prisonniers des gobelins est le quatrième livre de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur. C’est un roman illustré, dont le récit est accompagné d’une trentaine d’images en couleurs.

Caractéristiques

Date de parution : le 30/06/2021
ISBN (version brochée) : 979-8510416725
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 161 pages, dont 30 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 23 € TTC Broché France

Vous pouvez commander ce livre en exclusivité sur *

logo amazon* Liens partenaires. En tant que Partenaire d’Amazon, je suis rémunéré pour les achats éligibles.

Cliquez sur l’une des images suivantes pour découvrir les autres tomes présentés du plus récent au plus ancien :

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5
livre4 prisonniers des gobelins
Le droit à l'oubli
Jaquette Le poids du passé" César Séjourné
Jaquette "La compagnie des nains" César Séjourné

Découvrez le trailer du roman Le poids du passé :

Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :

Chapitre 1 – Un cri de rage

Son cri de rage s’éteignit doucement. À présent, Bramor était seul. Hurler ne l’avait même pas soulagé. Pire, sa frustration ne cessait de croître. Il banda ses muscles et tenta vainement de briser la chaîne qui entravait ses poignets.

image de Bramor criePourquoi ne s’était-il pas opposé aux deux gobelins venus chercher ses compagnons d’armes, Durnain Razpierre, dit le Jumeau, et le vétéran Donarg Mâchefer ? Il aurait pu se servir de sa chaîne comme d’une arme. Il aurait pu les désarmer, puis les tuer. Il imagina plusieurs scenarii dans sa tête. Il écrasait leur face de monstre, utilisant sa chaîne comme un fléau, ou encore il les étranglait. À chaque fois, il sortait victorieux des combats et sauvait ses amis. Donarg survivait à ses blessures et ils rentraient ensemble à la cité-mine du Rakdur. Pour finir, tous les acclamaient.

Le temps passant, le jeune nain dut revenir à la réalité. Les seuls applaudissements étaient les clapotis produits par l’eau qui ruisselait le long des murs, formant par endroit des flaques.

Il avait bien essayé de s’interposer quand les gobelins avaient maltraité Donarg inconscient, mais à son grand désarroi Durnain l’avait retenu. Puis, lorsque ces tortionnaires l’avaient désigné pour emporter le corps sans vie de leur ami, encore une fois celui-ci était intervenu. Le Jumeau avait demandé à assumer cette tâche et lui avait même fait signe de ne pas bouger. Il est vrai que Durnain n’était plus tout à fait le même depuis la mort de son frère. Il semblait avoir perdu sa pugnacité et attendre stoïquement la fin. Était-il devenu un lâche ? Bramor chassa rapidement cette idée. La raison était pourtant évidente. Il savait que son compagnon désirait seulement le protéger. Il espérait qu’un jour, lui, le cadet de la compagnie puisse retourner sain et sauf à la cité-mine du Rakdur.

Ah… Rakdur. Bramor revit ses disputes avec son père.
— Non, tu n’iras pas ! Je te l’interdis. Je suis ton père et tu dois m’obéir.
— Mais j’ai bientôt 21 ans ! Je veux devenir un guerrier.
— Jamais mon fils ! Avec ton don, cela serait du gâchis. Tout ça pour partir à l’aventure.

Bramor à l’âge requis dut faire son service militaire. Normalement, ce n’était pas un problème. En tant que conscrit et avec ses talents de forgeron, il aurait pu rester sagement dans l’enceinte de la cité-mine et poursuivre sa formation. C’était le souhait de son père, la voie de la facilité, mais pas celle choisie par le jeune nain. Il avait demandé à rejoindre le service actif et à être incorporé au sein des patrouilles de surveillance. Il rêvait tant de vivre des aventures comme celles de son nouvel ami, l’apothiguerre Nogar Mainsecourable. Son père n’était pas d’accord, mais il avait dû se plier aux lois de la cité-mine.

Son père n’avait jamais aimé le métier des armes. Il imputait à Nogar sa décision de devenir un soldat. Il était convaincu que le prêtre-guerrier l’avait encouragé avec ses récits, que c’était à cause de lui qu’il abandonnait sa voie. Bramor savait que ce n’était pas vrai, qu’il retournerait un jour à la forge. Il avait cela dans le sang. Les nains étaient réputés être têtus, mais son père avait fini par lui accorder sa bénédiction.

Sa mère et son ami Nogar avaient été des alliés de poids. « Qu’il s’en rende compte par lui-même, répétait-elle à son mari ou encore, tu étais pareil à son âge. » Ce souvenir dessina un sourire sur le visage triste de Bramor. Quant à Nogar, son père lui avait fait jurer qu’il lui ramènerait son héritier sain et sauf à la cité-mine, une fois son service militaire terminé. Ne pas respecter la parole donnée était un grand crime pour les nains. Malheureusement, le « serment d’honneur » avait été brisé avec la mort de son ami.

Son père lui répétait sans cesse que les plus jeunes étaient toujours les premiers à tomber au combat, faute d’expérience. La preuve qu’il se trompait. Bramor avait vu mourir tous ses compagnons les uns après les autres. Si Durnain ne revenait pas, il serait le dernier.

Lui, qui rêvait d’aventures, avait été servi. Tout était gravé à jamais dans sa mémoire : la rencontre avec les gobelins, le géant, les premiers morts, le défilé. Il revit, comme s’il y était, son ami Nogar chuter dans le précipice.

À la fin des affrontements, il ne restait que trois survivants des vingt nains que comptait sa compagnie : Durnain, Donarg et lui. Et encore, seulement deux tenaient debout, car Donarg gisait inconscient. Il n’était pas blessé, mais simplement endormi. Vidé de ses forces, il s’était effondré après avoir affronté et vaincu en combat singulier un géant. C’était un soldat d’élite. Les tatouages magiques, qui parcouraient son corps, lui conféraient la faculté de sombrer dans une rage martiale. Le sommeil était le prix à payer pour cette débauche d’énergie.

Le sourire perfide du chaman gobelin, lorsqu’il s’était présenté devant eux après leur capture, était lui aussi gravé dans la mémoire de Bramor. Ils auraient dû écouter Donarg et le tuer quand ils en avaient eu la possibilité. Le monstre avait été surtout intéressé par leur compagnon inconscient. Durnain lui avait traduit le sens de ses paroles. Il parlait de lui comme du « Tombeur de géant ». Les gobelins avaient ligoté leur ami, puis l’avaient suspendu à une lance, tel un vulgaire gibier, pour mieux le transporter.

Donarg ficelé

Ensuite, ils avaient cheminé sous bonne garde jusqu’à une grotte. Bramor la reconnut tout de suite. C’était devant celle-ci que sa compagnie avait affronté victorieusement quelques jours plus tôt l’avant-garde ennemie. Elle était vaste et ils n’avaient pas eu le temps de l’explorer. C’était une erreur de leur part, cela leur aurait permis de découvrir un réseau de galeries s’enfonçant profondément dans les montagnes.

Alors qu’ils progressaient sous terre, un gros gobelin avait fait boire à plusieurs reprises un breuvage à Donarg. Sans aucun doute, des drogues soporifiques, car leur ami ne reprit pas connaissance pendant leur voyage. Combien de temps dura celui-ci ? Difficile à dire dans l’obscurité des tunnels, mais ils firent plusieurs haltes avant d’arriver enfin à destination, le territoire des gobelins. Là, ils furent tous les trois jetés sans ménagement dans une cellule.

Assez régulièrement, les geôliers leur apportaient de quoi s’alimenter et de l’eau trouble au goût acide dans un seau sale. Ils ne disposaient même pas d’écuelles pour manger. Les gardiens versaient une louche d’un liquide gluant et malodorant à même le sol. Dans leur langage nain rudimentaire, leurs bourreaux s’étaient moqués d’eux.

— Vous chiens, manger comme chiens !

Il fallait bien survivre. La nourriture était collante et difficile à mastiquer. Elle brûlait l’estomac, mais Bramor devait reconnaitre qu’elle était suffisamment nourrissante pour tenir. Néanmoins, il ne souhaitait surtout pas en connaître la composition et pour tromper ses sens, il s’imaginait déguster de délicieux champignons. C’était sa façon de supporter sa condition.

Donarg, toujours inconscient, ne pouvait s’alimenter. Bramor avait cependant réussi à lui faire boire un peu d’eau. Parfois, le vétéran semblait revenir à lui. Alors, il murmurait des propos plus ou moins compréhensibles, avant de sombrer à nouveau dans le sommeil.

Bramor ne se faisait aucune illusion sur le sort de Durnain. Il avait vu ce que les gobelins avaient fait à Donarg. Depuis leur arrivée, ils venaient régulièrement le chercher pour l’interroger.

— Si causer, lui vivre, disaient les monstres.

Ordures ! aurait-il voulu crier. Comment faire parler quelqu’un dans le coma ? Ce n’était pas des interrogatoires, mais des séances de torture. Donarg revenait avec toujours plus de plaies et d’hématomes. Seule sa constitution magique, acquise lors de la Cérémonie de l’Oubli, lui avait permis de tenir aussi longtemps. Le jeune nain pensait que le chaman se vengeait du mauvais traitement qu’il avait subi lorsqu’il avait été leur prisonnier. Il devait certainement mener sur Donarg des expériences, afin d’éprouver les limites de sa résistance magique. Aussi fort qu’il fût, chaque séance affaiblissait son ami.

Durnain n’avait pas de tatouages magiques. Soumis au même traitement, il ne tiendrait pas longtemps et lui encore moins. Alors, Bramor prit une décision : quitte à mourir, autant mourir vite et avec les honneurs. La prochaine fois que ces monstres viendraient, il les affronterait et advienne que pourra.

Le jeune nain ne put s’empêcher de penser à nouveau à sa famille. Non, il ne regrettait aucunement ses choix. Si c’était à refaire, il agirait de même. Il était fier d’appartenir à la cité-mine du Rakdur. Les siens n’auraient pas à avoir honte de lui, car il ne partirait pas seul pour les Portes de la Mort. Il ferait en sorte d’emporter le plus grand nombre d’ennemis avec lui.

Bramor tenta de briser ses chaînes, mais dut renoncer une nouvelle fois. Il regarda autour de lui à la recherche d’un objet, qu’il pourrait utiliser pour se battre. Il ne trouva que le seau d’eau. Il vida son contenu sur le sol, de toute façon il n’en aurait plus besoin. Puis, il le serra nerveusement entre ses mains. Ainsi armé, il se mit à chanter une geste guerrière pour se donner du courage.

Roman : Le droit à l’oubli

Le droit à l'oubliDonarg Mâchefer, le valeureux combattant nain, n’est plus que l’ombre de lui-même. Rongé par le chagrin et les remords, son coeur souffre d’une blessure qui ne pourra jamais guérir et qui le pousse au désespoir. De son côté, Kristina Faitdargent, la jeune humaine qu’il avait sauvée, a trouvé refuge avec son époux dans la cité-mine du Rakdur. Du fait de sa grossesse, elle est contrainte au repos mais son sommeil est perturbé par de troublants rêves. Un nain et une jeune femme, que tout oppose, mais que le destin a réuni pour le meilleur mais aussi pour le pire.

 

 

Le droit à l’oubli est le troisième livre de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur mais il peut être lu de façon indépendante. C’est un roman illustré. Le récit est accompagné d’une cinquantaine d’images en couleur.

Caractéristiques

Date de parution : le 30/06/2020
ISBN (version brochée) : 978-1670376671
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 172 pages, dont 50 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 23 € TTC Broché France

Vous pouvez commander ce livre en exclusivité sur *

logo amazon* Liens partenaires. En tant que Partenaire d’Amazon, je suis rémunéré pour les achats éligibles.

Cliquez sur l’une des images suivantes pour découvrir les autres tomes présentés du plus récent au plus ancien :

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5
livre4 prisonniers des gobelins
Le droit à l'oubli
Jaquette Le poids du passé" César Séjourné
Jaquette "La compagnie des nains" César Séjourné

Découvrez le trailer du roman Le droit à l’oubli :

Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :

Chapitre 1 – À la découverte d’une cité-mine

Kristina était heureuse comme elle ne l’avait plus été depuis longtemps. Après un long périple, elle et son époux Cédric avaient trouvé refuge au sein de la cité naine du Rakdur. Ils venaient tout juste d’arriver mais elle se sentait déjà en sécurité, loin des routes et de leurs dangers.

Leur projet était de s’installer dans la petite ville humaine de Trouville, où elle avait de la famille. Le voyage s’était déroulé sans encombre, jusqu’à ce qu’un lion de montagne s’attaque à leur cheval et immobilise leur carriole. Ils ne devaient leur survie qu’à l’intervention d’un courageux nain, Donarg Mâchefer, qui au péril de sa vie s’était opposé au félin et l’avait fait fuir.

Leur sauveur faisait partie d’une petite caravane naine dirigée par le marchand Silvar Ecumejour. Ce dernier leur avait prêté son propre poney pour qu’ils puissent reprendre leur route. Il leur avait néanmoins conseillé de faire un détour et de les accompagner jusqu’à leur cité. Il avait suggéré à Cédric, lui-même marchand de profession, d’y vendre son vin. Ensuite, sur place ils n’auraient qu’à se joindre à une nouvelle caravane pour gagner leur destination initiale. Silvar les avait mis en garde sur le fait de voyager seuls, sans protection, dans ces régions hostiles. C’est ce qui avait convaincu son époux car elle était très fatiguée avec sa grossesse.

Spontanément, Kristina posa les mains sur son ventre rebondi. C’était la première fois qu’elle était enceinte et cela la rendait un peu anxieuse. La future maman se sentait aussi seule, elle, une humaine parmi tous ces nains. La jeune femme avait bien compris que quelques-uns de ses semblables vivaient dans les forges. Elle avait même voulu s’y rendre par curiosité mais avait vite fait marche arrière. En effet, elle avait trouvé qu’il y faisait trop chaud et que c’était très bruyant. Elle avait même eu le sentiment que son cœur frappait à l’unisson des coups de marteaux sur les enclumes. Finalement, Kristina avait dû rebrousser chemin et son cœur avait mis longtemps avant de retrouver un rythme normal. Les mains toujours sur son ventre, elle se demanda ce que tout ce bruit avait pu provoquer sur sa fille. Celle-ci dut l’entendre car le bébé lui répondit par un coup de pied. Pourquoi ai-je posé cette question ? regretta aussitôt la jeune femme.

Pour chasser l’ennui, Kristina avait entrepris de visiter le Rakdur. De toute façon, elle adorait marcher et ce n’était pas sa grossesse qui l’entraverait. Elle trouvait les nains charmants et accueillants. Se diriger n’était pas facile mais il y avait toujours une personne pour lui indiquer la bonne direction. Au début, la future maman avait eu peur de ne pas se faire comprendre avec la barrière de la langue. En effet, elle ne parlait pas le nain. Heureusement, la majorité des personnes qu’elle avait rencontrée jusqu’à présent maîtrisait suffisamment la langue des hommes, tout du moins celle utilisée au sein de l’Empire, pour se faire comprendre.

Kristina pensait être gênée par l’obscurité des galeries mais il n’en était rien. Les couloirs et les salles étaient éclairés. Elle était déjà passée voir les grandes champignonnières. C’étaient de vastes cavernes humides et la fraîcheur qui y régnait l’avait fait frissonner. Les maîtres-champignonnistes (les nains responsables des cultures) avaient répondu poliment à toutes ses questions. La jeune femme avait découvert que les champignons constituaient une source de nourriture importante pour le petit peuple. Ils étaient consommés aussi bien frais que séchés. Les nains avaient même sélectionné des variétés sucrées, utilisées pour réaliser des confiseries. Il existait aussi des alcools obtenus à partir de champignons fermentés. Kristina n’avait pas tout compris, notamment lorsque les maîtres-champignonnistes avaient tenté de lui expliquer que certains fromages et même le pain levé étaient produits grâce à différents champignons. Ils lui proposèrent de goûter aux boissons alcoolisées, mais comme elle était enceinte, elle refusa. Par contre, elle accepta avec plaisir des champignons, se les réservant pour plus tard.

La jeune femme aurait bien poursuivi sa visite mais elle ne voulait pas manquer le départ de Donarg Mâchefer. En effet, leur sauveur lui avait appris qu’il n’habitait plus au sein de la cité du Rakdur. Elle savait que le nain avait des formalités à accomplir mais qu’il ne s’éterniserait pas.

Kristina était passée devant la salle du trône protégée par deux imposants soldats en armure. Quasi immobiles tels des statues, ils étaient impressionnants avec leurs longues barbes et leurs lourdes armes. L’un tenait une masse dans chaque main, tandis que l’autre avait un bouclier et un énorme marteau de guerre. Impossible d’entrer dans la salle sans y être invité, lui expliquèrent les petits guerriers en faction. Elle n’insista pas. Dommage, tous les nains qu’elle avait rencontrés s’accordaient à dire qu’elle était magnifique. La jeune humaine avait naturellement essayé d’y jeter un œil, par curiosité, mais les portes étaient restées définitivement closes. Elle aurait bien patienté jusqu’à ce qu’un hôte de marque soit accepté mais elle se rappela qu’elle avait un nain à trouver et se dit que ce n’était que partie remise.

deux guerriers nains "longue barbe"

Finalement, Kristina se rendit aux portes principales du Rakdur et y attendit le reste de la matinée. La faim la prit, alors elle en profita pour goûter les champignons. C’est vrai qu’ils étaient bons, surtout les sucrés. La jeune femme allait s’assoupir, lorsqu’elle aperçut enfin le vétéran. Le temps qu’elle se relève, il était déjà loin, et elle fut contrainte de courir pour le rejoindre. C’est tout essoufflée qu’elle le remerciât encore de les avoir sauvés et pour le joli pendentif qu’il lui avec offert. Le nain lui avait dit qu’il était un peu magique et que c’était un cadeau pour son futur enfant. Néanmoins, en attendant, Kristina le portait en permanence dans l’espoir que le bijou leur porte chance. Cédric et elle en avaient bien besoin.

Lorsque Donarg passa le porche des grandes portes, elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon. Comme elle aurait souhaité qu’il reste avec eux pour les protéger. Elle était sûre qu’il aurait compris mais son époux, lui, ne voulait pas en entendre parler. Son cœur fit un bon dans sa poitrine, à l’unisson d’un coup de pied dans son ventre. Ah non pas encore ! songea-t-elle. Heureusement, cœur et bébé se montrèrent obéissants. Palpitations et coups de pied ne se reproduisirent pas.

Il est tard, se dit Kristina. J’espère que Cédric ne s’inquiète pas. Elle fit néanmoins un détour pour rejoindre les salles de la mémoire. La future maman apprécia beaucoup les lieux, véritable bibliothèque du peuple nain. Il y avait naturellement des livres et des parchemins, mais aussi un nombre incalculable de tablettes d’argile et de pierre où était consignée la mémoire du petit peuple. Elle ne put s’empêcher de demander aux maîtres-archivistes pourquoi ils utilisaient l’argile et la pierre. Les nains avaient éclaté de rire à cette question. salle de la mémoire

— Mais parce que l’argile et la pierre sont immortelles ! répondirent-ils à l’unisson. Le temps pourra faire son œuvre, elles seront toujours là. Nul insecte ne les consommera et le feu ne les consumera pas. Nos textes ne disparaîtront pas en cas d’inondation car il n’y a pas d’encre.
— C’est vrai, acquiesça la jeune femme. Mais l’argile est lourde et encombrante à transporter, ne put-elle s’empêcher de répondre. Je n’imagine pas un livre en argile ou en pierre, mon pauvre dos n’y survivrait pas.

Kristina réussit à faire rire à nouveau les nains. La salle n’était pas tout à fait tranquille. En effet, consigner des écrits sur une pierre nécessitait marteaux et burins. Cela faisait du bruit. Elle passa beaucoup de temps entre les étagères. Malheureusement, elle était incapable de lire l’écriture runique. En tout cas, c’est bien beau ! s’exclama-t-elle. La jeune femme dit au revoir aux cliquetis. Au moins, ceux-ci n’avaient dérangé ni son cœur ni son bébé. Elle quitta les salles de la mémoire et se dirigea alors vers la zone de décollage de ces immenses ballons volants.

Kristina rêvassait en avançant et fut ramenée à la réalité par un puissant bruit. Elle interrogea un nain, qui lui indiqua qu’à la nuit tombée les cors annonçaient la fermeture des portes de la cité-mine. Elle s’arrêta pour réfléchir. Dommage, il est trop tard pour visiter les ballons volants, songea-t-elle. De toute façon avec l’obscurité je n’aurais rien vu. Et puis, Cédric m’a fait jurer de ne pas quitter les galeries. Ce n’est que partie remise. Je m’y rendrai demain matin. Il est temps pour moi de regagner le quartier des marchands.

Toute à ses réflexions, la future maman fut bousculée par un nain vraisemblablement très pressé. Une naine vint à son aide et évita qu’elle ne tombe par terre.

— Vous pourriez peut-être faire attention ! cria Kristina, les mains sur son ventre, à l’attention du malotru qui n’avait même pas pris la peine de s’arrêter. Je suis enceinte !
— Ça va « longues jambes » ? Pas de casse ? demanda la naine qui s’était portée spontanément à son secours.
— Oui, merci beaucoup, mais quelle mouche l’a piqué, pour qu’il coure ainsi ?
— C’est un commis des maîtres des messages. Ces derniers s’occupent des pigeons. Les oiseaux nous permettent de communiquer entre cités naines.

Apparemment, le message devait être urgent, songea Kristina. Elle remercia la naine et en profita pour lui demander le chemin pour regagner sa demeure. En effet, le marchand Silvar Ecumejour leur avait fourni gracieusement une habitation, le temps qu’ils trouvent une caravane pour Trouville.

A suivre.

Roman : Le poids du passé

Jaquette Le poids du passéLa compagnie des nains n’est plus. Cependant, l’imprévisible Donarg a survécu mais pour combien de temps encore car son état oscille entre la conscience et l’inconscience, entre la vie et la mort…

Plongé dans un coma vigil, les verrous psychologiques qui entravaient sa mémoire cèdent progressivement et le passé qu’il pensait avoir définitivement oublié refait surface. Alors que ses souvenirs reviennent les uns après les autres, ses compagnons survivants ne peuvent qu’assister impuissants à sa lente et inexorable agonie.

Quels lourds secrets le nain chauve au crâne tatoué cache-t-il au plus profond de lui-même ?

Le poids du passé est le second livre de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur mais il peut être lu de façon indépendante. C’est un roman illustré. Le récit est accompagné d’une cinquantaine d’images en couleurs.

Caractéristiques

Date de parution : le 15/12/2019
ISBN (version brochée) : 978-1670244475
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 143 pages, dont 50 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 20 € TTC Broché France

Vous pouvez commander ce livre en exclusivité sur *

logo amazon

* Liens partenaires. En tant que Partenaire d’Amazon, je suis rémunéré pour les achats éligibles.

Cliquez sur l’une des images suivantes pour découvrir les autres tomes présentés du plus récent au plus ancien :

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5
livre4 prisonniers des gobelins
Le droit à l'oubli
Jaquette Le poids du passé" César Séjourné
Jaquette "La compagnie des nains" César Séjourné

Découvrez le trailer du roman Le poids du passé :

Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :

Chapitre 1 : Retour vers le passé

Poc… Poc… voilà le bruit des gouttes d’eau qui tombent dans la bassine. Poc… Poc… Poc… Poc…

— Donarg ! Je ne peux pas dormir ! Quand répareras-tu la toiture ? dit une voix féminine.
— Ma biquette, je m’en occuperai demain.
— Quoi, demain ? Tu me l’avais déjà promis hier, avant-hier et avant-avant-hier aussi !
— Mais tu sais bien que je n’en ai pas eu le temps.
— Tu n’as jamais le temps de toute façon.

Poc… Poc… Poc… Poc…

— Donarg !
— Remonte les draps sur ta tête, tu verras, tu les entendras moins.

Poc… Poc… Poc… Poc…

— J’ai déjà essayé cela ne fonctionne pas et puis je vais étouffer sous les draps.
— Viens donc te coller contre moi, lui proposa le nain.
— N’y compte pas mon cabochard de bouc ! Reste de ton côté et tu y resteras tant que tu n’auras pas réparé le toit !
— Attends, j’ai une solution pour ne plus entendre la pluie. Le nain se mit à grattouiller le dos de sa compagne. Tu verras, tu entendras moins le bruit ainsi.
— Ne me touche pas…
Mais la jeune naine n’eut pas le temps d’achever sa phrase, qu’elle succombait aux chatouilles de son compagnon.
Soudainement, un éclair déchira la nuit et éclaira la chaumière.
— Donarg ! cria à nouveau la voix féminine mais cette fois-ci apeurée.
— Ce n’est que le tonnerre, ma biquette. Juste le tonnerre… Tu n’as rien à craindre.
— Mais il semblait si proche. J’ai cru qu’il était tombé sur la maison.
— Non, tout va bien. Reste dans mes bras, Isis. Il ne t’arrivera rien. Je serai toujours là pour te protéger.
— Promis ?
— Promis ma biquette. Un nain n’a qu’une parole, foi de Donarg Mâchefer.
— Je t’aime mon cabochard de bouc.
— Je t’aime ma biquette d’Amour. Dors, je veille sur toi.

Isigard dans son lit image du roman le poids du passé de César SéjournéTOC… TOC … TOC … TOC …

Après les poc poc maintenant les TOC ! TOC ! Mais que fait mon bouc de mari se demanda la naine en repoussant ses draps. Elle regarda de côté. La place de son époux dans le lit était vide. Son mari n’était plus là. Isisgard s’étira, natta sa chevelure de couleur châtain tirant sur le roux, et caressa le fin duvet de ses joues.

Isisgard au lit

Elle porta son regard autour d’elle. Ils étaient enfin chez eux. Cela faisait sept mois qu’ils étaient mariés. Ils avaient emménagé dans cette petite ferme délabrée. « Ne t’inquiète pas », lui avait dit Donarg, « Je m’occupe de tout ». Le fait est que le nain avait bien arrangé la demeure. C’était modeste mais ils n’avaient pas le goût du luxe. Il y avait le lit à l’opposé de l’âtre, puis la grande table entourée de bancs, la boîte à outils de Donarg, leur vaisselier et le coffre à vêtements. La hache de combat de son mari trônait au-dessus de la cheminée. Il l’avait nommée « Insatiable » car, selon lui, elle avait toujours soif du sang de ses adversaires. C’est qu’il pouvait se montrer poète parfois son cabochard de bouc d’époux. Par contre, il n’y avait pas que sa hache qui avait tout le temps soif pensa-t-elle, le gosier de son mari aussi. Que demander de plus ? Ah si ! Restait la toiture qui fuyait. Heureusement, la pluie avait cessé et Isisgard se doutait bien d’où provenait le bruit.

TOC… TOC … TOC … TOC …

Elle s’arrosa le visage d’eau fraîche, brossa la pointe de ses nattes, puis elle couvrit ses épaules d’une épaisse cape. Elle caressa machinalement son ventre rebondi et sortit pour découvrir l’origine de tous ces « toc toc ». Elle trouva son mari, assis sur le toit, en train de clouer des tuiles en bois pour colmater les fuites.

Donarg prisonnier image du roman le poids du passé de César Séjourné— Bonjour ma biquette chérie, lui dit son époux.
— Mais que fais-tu sur le toit de si bon matin ?
— Tu vois bien, je répare les fuites comme tu me l’as demandé ma biquette.
— Franchement, tu n’aurais pas pu attendre que je sois réveillée.
— Mais je pensais, une fois terminé, pouvoir me glisser près de toi ma biquette.
— N’y pense même pas mon cabochard de bouc, tu es trop sale ! répondit la naine. (Ses mains caressèrent son ventre. Elle baissa les yeux.) Il pointe de plus en plus. Entre le petit, qui me donne des coups de pied, la pluie dans la maison cette nuit et toi avec tes coups de marteau pour le réveil, je suis d’humeur massacrante. Foi d’Isisgard du clan des Ciseauxvifs, tu as intérêt à bien te tenir Donarg. Cela va être ta fête aujourd’hui pour m’avoir fait endurer ce calvaire !
— Bien sûr ma biquette d’Amour, avec toi, c’est la fête tous les jours.
— Moque-toi de moi, répliqua la naine tout en levant son petit doigt vengeur.
— Je termine au plus vite, pour te rejoindre, répondit Donarg avec un plaisir non dissimulé.

§§§

Poc… Poc… Poc… Poc… le bruit de l’eau qui dégouline. Poc… Poc… Poc… Poc…

Donarg n’avait pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir où il se trouvait. Il savait qu’il n’était pas allongé dans son lit, encore moins dans sa chaumière. Il pouvait se fier à ses sens de nain pour cela. Avec l’humidité ambiante, la fraîcheur de l’air, la pression atmosphérique qu’il ressentait, il n’y avait aucun doute, il était sous terre et son corps était étendu à même le sol.

Ses souvenirs lui revinrent progressivement. Lui et les siens patrouillaient à distance de la cité-mine du Rakdur. Ils étaient tombés dans une embuscade tendue par des gobelins. Un géant était apparu. Il avait sombré dans la rage guerrière, don et fardeau à la fois. Dans les bribes de sa mémoire, des images floues se succédaient. Il se voyait affronter le géant. D’abord, planter sa grande hache « Insatiable » dans l’orteil gigantesque, puis ses coups répétés dans le tendon d’Achille. Il ressentait encore les vibrations lorsque le mastodonte avait chu. Il savait que sa rage guerrière se soldait par un profond sommeil. C’était le prix à payer pour cette débauche d’énergie.

Par contre, ce dont il était sûr était que son absence avait été plus longue que d’habitude. Il y avait aussi cette douleur dans sa tête. Pourquoi sa caboche, pourtant si dure, lui faisait-elle si mal ?

Il tenta d’ouvrir les yeux mais ses paupières étaient trop lourdes. Là encore, nul doute. Il avait suffisamment connu les rixes, durant sa jeunesse, pour savoir ce que l’on ressentait lorsqu’on avait un œil au « beurre noir ». Dans le cas présent, c’étaient les deux. Les hématomes, qui gorgeaient ses paupières de sang, gênaient leur ouverture, ne laissant qu’un mince interstice. Puis, il y avait aussi ce goût cuivré dans la bouche. Lui aussi, il ne le connaissait que trop bien, le goût du sang. Que s’était-il donc passé ? Qu’étaient devenus ses amis ?

Les forces de Donarg l’abandonnèrent.

A suivre …

Roman : La compagnie des nains

Jaquette Bramor est un jeune nain. Apprenti forgeron, il était destiné à un bel avenir au sein de la cité-mine du Rakdur. Néanmoins, si l’Art de la Forge anime et fait frapper ses puissants bras, incorporer les patrouilles est ce qui fait battre son coeur. Affronter gobelins, géants et trolls, voilà ce dont il rêve chaque nuit.

Sa première mission – assurer la reconnaissance des alentours du Rakdur – devait être des plus tranquilles. Tout du moins, c’est ce qu’avait expliqué son mentor et ami, Nogar l’apothiguerre, à son père pour l’autoriser à quitter la forge familiale mais les dieux en ont décidé autrement. Bramor, qui rêvait tant d’aventures, sera comblé au-delà de ses espérances…

La compagnie des nains est le premier tome de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur, qui relate les aventures de ces habitants. C’est un roman illustré. Le récit est accompagné d’une quarantaine d’images en couleurs.

Caractéristiques

Date de parution : le 23/06/2019
ISBN (version brochée) : 978-1076402189
Collection : Les héros de la cité-mine du Rakdur
Genre : médiéval fantastique
Caractéristiques : 120 pages, dont 40 illustrées
Dimensions du produit : 15,2 x 0,7 x 22,9 cm
Public : non adapté aux jeunes enfants
Disponibilité(s) : format kindle*, édition broché*
Extrait gratuit : sur Amazon.fr*
Prix : 2.99€TTC kindle, 20 € TTC Broché France

Vous pouvez commander ce livre en exclusivité sur *

logo amazon

* Liens partenaires. En tant que Partenaire d’Amazon, je suis rémunéré pour les achats éligibles.

Cliquez sur l’une des images suivantes pour découvrir les autres tomes présentés du plus récent au plus ancien :

Jaquette du livre L'ours des montagnes livre 5
livre4 prisonniers des gobelins
Le droit à l'oubli
Jaquette Le poids du passé" César Séjourné
Jaquette "La compagnie des nains" César Séjourné

Découvrez le trailer du roman La compagnie des nains :

Je vous propose de découvrir le premier chapitre du livre :

Chapitre 1 : Le campement

Elles étaient vingt. Seulement vingt petites créatures à essayer de se réchauffer autour d’un feu. Le temps se rafraîchissait car l’hiver approchant, il faisait de plus en plus froid dans les montagnes.

Ces créatures, assises autour du foyer qui crépitait, étaient bien trop petites pour être humaines, à peine un mètre quarante de hauteur pour les plus grandes. De même, à bien y regarder, leur physionomie était sensiblement différente. Elles étaient trapues. Leur visage était rude et présentait des pommettes saillantes avec un nez proéminent. Le tout était accompagné d’une barbe plus ou moins longue. Certaines étaient taillées, d’autres en bataille, d’autres encore peintes ou tressées. Plusieurs arboraient des bijoux ouvragés dans leurs nattes. Ces petites créatures barbues étaient pourtant légendaires en raison de leur caractère. C’étaient des nains !

la compagnie des nains feu de camp

Ainsi une vingtaine de nains se réchauffait autour d’un feu. Les propos échangés étaient variés et entrecoupés de rires sonores. L’hydromel fort n’était certainement pas étranger à ce fait.

Deux nains se tenaient cependant à l’écart des autres. L’un semblait jeune. Il était reconnaissable à sa barbe quasi inexistante. Il tenait dans ses petites mains une hache et un bouclier. L’autre, plus âgé, levait un marteau de guerre aux dimensions impressionnantes. L’arme aurait pu sembler démesurée, compte tenu de la taille de son propriétaire. Néanmoins, le nain la maniait avec facilité comme si elle ne pesait guère plus qu’une plume. Les deux guerriers s’exerçaient au combat.

la compagnie des nains Bramor et Nogar

— Bramor, refaisons le même exercice qu’hier. Essaye de me toucher. Par contre, fais bien attention à ne jamais frapper de toutes tes forces avec la hache. En effet, si tu te laisses emporter par ton élan, celle-ci pourrait se planter dans le bouclier ou la cage thoracique de ton ennemi. Le temps que tu la libères, tu serais vulnérable.
— Bien Nogar, répondit le jeune nain
— Attends, je pose mon arme.
Le nain déposa au sol son lourd marteau de guerre et ramassa un bouclier. Une fois prêt, il lança le départ de l’exercice. Bramor ajusta son bouclier et commença à frapper.
— Bien, continue comme cela, encouragea Nogar. Utilise ta hanche pour me frapper, c’est comme à la forge. Ta force est dans ton corps, pas dans ton bras. Si tu te contentes de ne me frapper qu’avec ton bras, tes coups seront moins puissants et tu te fatigueras plus vite. Fais attention. Je te rappelle que tu es sous ma responsabilité. Ton père m’arracherait la peau du dos, si tu perdais ne serait-ce qu’un seul poil de ta barbe.
— Par la barbe de ma mère ! Dis plutôt que tu as peur de ne plus pouvoir voir ma sœur.
— Tais-toi donc, espèce de petit avorton. Laisse Dulnaem où elle est !
— J’ai raison ! Si je ne revenais pas sain et sauf dans notre bonne cité-mine du Rakdur, mon père t’interdirait de revoir ma sœur et là…
— Je croyais que tu voulais apprendre à te battre. Si tu voulais parler, tu n’avais qu’à rester avec les autres autour du feu. En plus, tu aurais eu droit de te rafraîchir le gosier avec de l’hydromel. Enfin, s’il en reste encore…
— Oui, bon, j’ai compris, pas la peine de te fâcher, je recommence.

Bramor passa la soirée à essayer de taper comme le lui avait appris son mentor. Non pas de toutes ses forces mais en appuyant ses coups avec son corps. Finalement, à force de frapper de taille, le jeune nain réduisit en copeaux le bouclier de Nogar. Lors de la dernière estocade, Bramor se rapprocha trop près de son ami. Ce dernier ne pouvait plus se protéger mais le vétéran avait plus d’un tour dans son sac. Il décocha au jeunot un puissant coup de tête. Le bruit de leurs casques s’entrechoquant résonna lourdement. Bramor ne s’effondra pas malgré la violence du choc. En effet, s’il y avait bien une chose de dure chez les nains, en dehors de leur caractère, bien entendu, c’était leur tête.

la compagnie des nains Bramor

— Par la grande barbe sacrée ! jura le jeune nain en se tenant le front après avoir enlevé son casque. Cela fait mal. Ce n’est pas du jeu. J’aurais dû gagner…
— Hum…
— Quoi Hum !
— Ne sais-tu pas que la meilleure arme d’un nain est sa tête ?
— Si, je connais moi aussi ce dicton mais je ne pensais pas qu’il parlait de donner des coups de tête.
— Qu’as-tu appris dans les forges de ton père, Bramor ! Ton corps est et reste ta meilleure arme. Ne l’oublie pas. C’est ta deuxième leçon pour ce soir.
— J’ai l’impression d’entendre crier notre bon roi Darik et qu’au lieu que cela soit les fondations de notre cité qui tremblent c’est mon corps… répondit le jeune nain en se tenant la tête.

Nogar joignit ses mains et murmura une prière. Puis, il appuya sa paume sur le front endolori de son ami. La tête de Bramor se trouva auréolée de lumière, témoignage du pouvoir curateur accordé par les dieux au vétéran.

la compagnie des nains Nogar qui prie

la compagnie des nains Nogar soigne Bramor

— Par la sainte barbe ! Tu aimes bien ça, hein Nogar l’apothiguerre !
— Aimer quoi, Bramor fils de forgeron ?
— Et bien ça !
— Hum…
— Oui, tu m’as bien compris… frapper sur les gens puis utiliser tes dons de guérison pour les soigner.
Le visage de Nogar s’éclaira d’un sourire lorsqu’il répondit : « Oui ! ».

Les deux amis rejoignirent leurs compagnons autour du feu. Le tabac à pipe passa de main en main. La soirée s’annonçait des plus agréables.

A suivre…