J’ai déjà eu l’occasion de vous confier, dans un précédent billet, mon projet de réaliser une bandes dessinée (BD) entièrement en images de synthèse 3D.
J’ai commencé à travailler dessus durant l’été 2019, lors de parution du roman illustré La compagnie des nains, premier tome de la série Les héros de la cité-mine du Rakdur.
Au bout d’une dizaine de planches, j’ai voulu faire le point. Je les ai montrées d’abord à ma famille. Puis, j’ai élargi au cercle des amis et là, un a été direct avec moi :
« Ta BD, elle est moche. »
Je vous laisse vous faire votre propre avis en vous dévoilant l’une des premières planches réalisées.
Cette personne m’a conseillé vivement d’utiliser sur les illustrations des filtres « cartoonisants » pour un rendu plus uniforme et surtout plus proche de la bande dessinée.
Voilà le résultat obtenu sur le personnage d’Isisgard sans traitement d’image (à gauche), puis avec un filtre « cartoonisant » (à droite) :
Autant le dire tout de suite, je n’ai pas aimé. Chercher à produire des images les plus réalistes possible pour ensuite les « cartooniser », je n’en voyais pas l’intérêt. Je reconnais que cela m’a bloqué et mon projet BD est restée au point mort durant plusieurs semaines. Le temps que je comprenne d’où venait le problème. Et pourtant, c’était évident.
Une BD est… une bande dessinée. Bon, je vous l’accorde, c’est le genre de phrase qui ne fait pas avancer le sminlick.
Dit autrement, une bande dessinée est une succession de dessins réalisés soit à la main, soit numériquement, soit en associant les deux techniques. Or je ne produis pas des dessins mais des images de synthèse, modélisées et calculées sur des ordinateurs.
Le résultat obtenu est plus proche d’une photo que d’un dessin. Et c’est de là que vient le problème. Mes planches sont réalisées à partir de photos et non de dessins.
D’ailleurs, connaissez-vous beaucoup de bandes dessinées entièrement réalisées en images de synthèse 3D ? On trouve bien quelques planches sur Internet mais généralement, elles ont été retravaillées ensuite avec des filtres pour obtenir un rendu BD.
Roman-photo ou BD ?
Des histoires racontées à l’aide photos cela existe depuis longtemps, cela s’appelle des romans-photos. Mais en fait un roman-photo c’est quoi ?
Un petit tour sur wikipedia nous apporte la réponse :
« Un roman-photo est un genre narratif proche de la bande dessinée, dans lequel une succession de photographies, généralement agrémentées de textes disposés ou non dans des phylactères, conduit la narration. cf. wikipédia (lien externe) »
Pour ceux qui ne le savent pas ce qu’est un phylactère, c’est tout simplement une bulle dans laquelle l’auteur place les dialogues ou les pensées des personnages.
Nouvelle question : connaissez-vous beaucoup de personnes qui lisent aujourd’hui des romans-photos ?
J’ai néanmoins en mémoire des images de personnes âgées feuilletant des épisodes dans des revues people mais c’était il y a bien longtemps. Aujourd’hui, il y en a peut-être dans mon entourage mais personne ne s’en vante. Je dis cela mais … j’ai dans mon bureau, depuis toujours (enfin, disons plutôt vingt ans ), un roman-photo qui a bercé ma jeunesse. C’est Grease, tiré du film musical éponyme, sorti en 1978 avec les acteurs John Travolta et Olivia Newton-John. Je vous montre la jaquette et deux pages intérieures :
Pour revenir au sujet, les critiques formulées s’expliquaient parce que les planches que j’avais produites relevaient plus du roman-photo que de la bande dessinée. Dès lors que le problème était identifié, il ne me restait plus qu’à trouver une solution, ou tout du moins réfléchir sur la façon dont j’allais poursuivre ce projet.
Un bon compromis trouvé
Devais-je produire une BD ou un roman-photo ?
Après quelques essais, j’ai trouvé une solution intermédiaire.
Le résultat n’est pas tout à fait une bande dessinée ni réellement un roman-photo mais entre les deux. Chaque planche comprend une image en fond perdu (c’est-à-dire qui recouvre les marges de la page, comme dans le conte de Lya) sur laquelle viennent se greffer des cases.
L’image en fond perdu peut elle-même servir de case comme dans l’exemple ci-contre. Je vous laisse comparer les deux versions sans (à gauche) et avec fond perdu (à droite) :
Ce sont toujours les mêmes images mais agencées différemment. Cela change totalement le rendu. Surtout, l’un des avantages de cette présentation est que je peux, dès lors, produire des images pouvant s’étaler sur deux pages.
Le format ayant enfin été trouvé, il ne me restait plus qu’à me remettre au travail. Vous pouvez voir le résultat en découvrant la BD au fur et à mesure de sa création à la page bandes dessinée.